La Fondation 2100 a remis ses prix de thèses de prospective a deux lauréats lors d’une réunion qui s’est tenue le 8 février 2021, sous la présidence de Claudie Haigneré, astronaute et ancienne ministre de la recherche. La Société Française de Prospective a été associée à ce prix par l’intermédiaire du Collège de Prospective qui a participé à la sélection des finalistes. Le prix vise à stimuler le développement de la formation et la recherche en prospective dans l’enseignement supérieur, celle-ci n’étant pas reconnue dans les nomenclatures universitaires.

On pourra se reporter au site de la Fondation 2100 pour plus de détails sur les conditions de détection et de sélection des thèses pour le prix.

Les thèses des deux lauréats sont résumées ci-après et accessibles par les liens indiqués. Les thèses des trois autres finalistes sont présentées sur le site de F2100.

Un destin commun ? : études sur le futur dans les organisations internationales et formation d’une conscience globale pendant la guerre froide (1945-1989)

par Sibylle Duhautois

Après la Seconde Guerre mondiale, surtout à partir du début des années 1960, et jusqu’à la fin des années 1980, plusieurs projets de recherche sur le futur ont été menés par des équipes internationales avec pour objectif la promotion d’une « conscience globale », soit un sentiment d’appartenance à une communauté humaine unique partageant un destin commun. Cette thèse examine certains de ces projets, en particulier ceux qui sont menés au sein d’organisations internationales appartenant au système des Nations Unies. Elle démontre que la pratique de la prospective a été, pendant la guerre froide, source de nouvelles conceptions du monde.Les recherches menées se situent à la croisée de plusieurs champs historiographiques dont les trois principaux sont l’histoire du futur, l’histoire intellectuelle transnationale et l’histoire de la globalité. Elles s’articulent autour de la problématique suivante : comment les études sur le futur menées au sein du système onusien pendant la guerre froide ont-elles contribué à faire émerger et à défendre certaines conceptions du global, faisant du futur du monde à la fois une catégorie d’exploration scientifique et une catégorie d’action pour un ensemble d’acteurs internationaux ?

Accéder à la page de these : https://www.theses.fr/2017IEPP0028

La Décroissance au prisme de la modélisation prospective : Exploration macroéconomique d’une alternative paradigmatique

par  François Briens

Face aux enjeux socioéconomiques, démocratiques, et environnementaux, la croissance économique comme fin en soi, ou comme condition nécessaire au « développement », est de nouveau remise en cause. Depuis le début du XXIème siècle, suscitant un intérêt grandissant et de vifs échanges, la Décroissance se fraie une place dans le débat. Après avoir resitué son émergence dans la perspective historique de la controverse qui s’est développée, au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, autour de la croissance et du modèle de développement des pays industrialisés, nous suggérons une synthèse des principales idées et des propositions concrètes actuellement portées par ses partisans. Celles-ci soulèvent un certain nombre de questions complexes, pour lesquelles nous proposons d’apporter quelques éclairages à travers un exercice de modélisation prospective. Nous réalisons pour cela une série d’entretiens, qui visent à recueillir différentes visions détaillées et quantifiées de ce que pourraient être, selon les participants, des scénarios de Décroissance, ou – plus largement- des scénarios de transitions souhaitables et soutenables, notamment en termes d’évolution des institutions, des modes de vie et de consommation, pour la France. En parallèle de ces entretiens, nous développons un modèle spécifique de simulation dynamique de l’économie française, construit autour de l’analyse entrées-sorties, sur la base de données publiques, et incorporant un haut niveau de détail. A l’aide de cet outil macroéconomique, nous proposons alors d’explorer, sur un horizon à long terme (2060) les implications possibles de différents scénarios, dont ceux élaborés à partir des entretiens. Nous nous intéressons par exemple aux conséquences possibles en termes d’emploi, de finances publiques, de consommation d’énergie, d’émissions de polluants atmosphériques, et de production de déchets. Les résultats des simulations soulignent l’importance des choix institutionnels, des facteurs culturels, comportementaux, et « non-techniques », et le potentiel de certaines propositions des mouvements de la Décroissance. Ils invitent ainsi à ouvrir le débat autour de la construction collective d’un nouveau projet de société. Dans cette perspective, notre approche offre un support simple et efficace pour la compréhension commune et la délibération collective.

Accéder à la page de these : https://www.theses.fr/2015ENMP0052