Par Henri Fraisse

L’année 2023 est celle du bilan à mi-parcours pour les Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés par tous les 193 Etats Membres, en 2015 à l’ONU.  Ces 17 ODD, avec 169 cibles et 232 indicateurs inter corrélés, caractérisent un futur commun mondial souhaité à l’horizon de 2030 et y associent une trajectoire chiffrée. Chaque signataire s’est engagé à apporter sa contribution à l’atteinte de ces objectifs. Un point annuel sur 4 ODD (différents chaque année) ainsi que l’ODD 17 (partenariat) transverse est réalisé par pays (différents chaque année) et partagé mondialement lors du Forum Politique de Haut Niveau (FPHN). En 2022, les objectifs n° 4 (éducation), n°5 (égalité), n°14 (biodiversité marine), et N°15 (biodiversité terrestre) ont été analysés.   Le constat est clair : la crise sanitaire a affecté l’éducation, socle de tout développement. Elle a creusé les inégalités hommes femmes et aussi entre les plus riches et les plus pauvres.

Le FPHN de 2023, qui se tiendra en juillet à New York, sera donc consacré au bilan à mi-parcours et à l’examen des ODD n° 6 (eau), n°7 (énergie), n°9 (innovation), n°11 (villes et communautés) la France sera un des pays analysés ;

Les ODD cherchent à intégrer, enfin, de façon systémique et universelle (sans distinguer les pays du Nord et pays du Sud) les différentes composantes du « développement durable » selon la définition du Rapport fondateur Brundtland de 1987. Accueillis avec enthousiasme par les acteurs privés et publics, la connaissance et l’appropriation des ODD se révèlent très inégales selon les pays, les catégories d’acteurs (monde politique, académique, des entreprises…) et le bilan international est très mitigé.

Le dernier rapport mondial sur le Développement Durable a été publié le 2 juin 2022 par Le Réseau de Solution pour le Développement Durable (SDSN). Ce rapport présente l’indice ODD global pour évaluer la performance des pays, qui suite aux différentes crises internationales a légèrement diminué en 2021, pour la deuxième année consécutive (soit un niveau de 66/100 contre 64 en 2015 et 61 en 2010). La Finlande (85,6), le Danemark, la Suède et la Norvège sont les pays en tête du classement de l’indice ODD en 2022 (tous les pays du top 10 de l’indice global sont des pays Européens). L’Asie de l’Est et du Sud (particulièrement le Bangladesh et le Cambodge) est la région qui a le plus progressé sur les ODD, depuis leur adoption en 2015. Sur cet indicateur global la France (81,2) est en 7ème position (sur 163) mais seulement 55ème pays pour les efforts et les engagements de son gouvernement dans l’atteinte des ODD et 154ème dans le classement de réduction des externalités négatives, faisant porter le poids de son engagement sur les autres pays.

Les prospectivistes ont-ils apporté leur contribution à ce projet ? Il semble légitime à mi-parcours de s’interroger. Plusieurs axes de réflexions pourraient être analysés comme challenger certaines dimensions et hypothèses des ODD dans leur représentation des réalités physico-chimiques, biologiques et éthiques du monde ou tester la robustesse des différents scénarios 2050 proposés (ADEME, RTE…) à l’aune d’un regard croisé ODD et prospective. Précisons aussi que l’échelle d’analyse et de contribution doit être la plus fine possible pour mieux comprendre les relations systémiques. Il pourra être utile, par de là les initiatives publiques, de s’appuyer sur les diverses initiatives d’associations. Notons en particulier, l’analyse stratégique pilotée à l’échelle des territoires par l’Alliance Internationale pour les Objectifs de Développement Durable (AI-ODD International et AI-ODD France), en partenariat avec l’IEP Sciences Po Grenoble, avec le soutien d’Action Territoires, sur le recensement des plus riches avancées locales en termes de durabilité.

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