« Plus de Futur ? Comment (re) construire ensemble des futurs positifs. »

« Plus de futur » : on peut entendre cette expression comme « il n’y a plus de futur » sous un mode négatif, ou bien comme « il y a plus de futur », sous un mode positif.

Sur le versant négatif, il faut bien reconnaître que nous avons du mal aujourd’hui à penser notre avenir. A cela plusieurs causes.
1.     Tout d’abord on est face à une polarisation des représentations : on est pris entre les visions apocalyptiques de l’effondrement et les visions iréniques qui voient dans la technologie une solution à tous les problèmes, jusqu’à culminer dans le transhumanisme.
2.     Ensuite, on est soumis à une forme de dictature du présent. Vivant sous la pression des urgences, ou jouissant, dans une forme de confort, des facilités de l’heure sans se soucier du long terme.
3.     Il y a un sentiment — fondé – d’un rétrécissement des marges de manœuvre avec une évolution incontrôlée vers le réchauffement climatique, un monde dominé par de grands acteurs comme les GAFAM, et une confrontation qui semble inévitable entre la Chine et les États-Unis. La pandémie du Covid se prolongeant, les idées d’un « monde d’après », nées lors de son apparition, se sont évaporées.
4.     Enfin la guerre en Ukraine nous a ramenés à une époque que l’on croyait révolue, laissant l’impression d’une humanité incapable d’apprendre de ses épreuves, et se retrouvant, à nouveau, sous la menace de la mort de masse.
5.     Plus généralement, la crise géopolitique, la crise sanitaire et la crise climatique à venir se conjuguent pour créer un climat d’angoisse qui accapare les esprits.

Mais « dans le péril croît aussi ce qui sauve », comme dit le poète. La multiplication des crises constitue une forte incitation à redoubler d’efforts d’anticipation et de prospective pour réduire l’occurrence de nouvelles épreuves. Les crises et les épreuves obligent aussi à se repositionner sur l’essentiel et à réaménager les systèmes de valeurs. Elles ouvrent enfin l’éventail des possibles en mettant à bas des ordres anciens. Et l’on peut considérer, plus généralement, que les sociétés humaines vivent une formidable accélération de l’histoire, avec les défis écologiques, les révolutions technologiques, les bouleversements géopolitiques et les attentes citoyennes. Aussi, peut-on entendre, sur le versant positif, que notre époque nous offre « plus de futur ».

Telle est la problématique d’ensemble du colloque, qui sera discutée dans sa session introductive.

Qu’il s’agisse de sortir d’une « panne de futur » ou de franchir « une passe vers le futur », il est bon d’explorer les voies par lesquelles nous pouvons retrouver, développer, cultiver en quelque sorte notre goût de l’avenir et de la pratique de la prospective. Et de le faire auprès du grand nombre, auprès de tous les publics concernés. Trois voies seront examinées plus en détail lors du colloque, correspondant à trois niveaux différents d’engagement dans l’action.

La voie de l’anticipation des émergences sociétales et politiques et de l’engagement dans les mouvements qui les pressentent, avec la montée en puissance des sociétés civiles, sous la pression des urgences climatiques et écologiques, des déséquilibres économiques, des risques sanitaires…

La voie des expériences et des pratiques prospectives dans les territoires, qui ne datent pas d’aujourd’hui, mais qui se multiplient et se diversifient, en recherche notamment de résilience face aux défis qui se profilent…

La voie des innovations en matière de prospective, stimulant l’imaginaire des populations dans leur diversité en ouvrant des forums, organisant des concours, mobilisant la science -fiction…pour des futurs, souhaitables, positifs, et autres en réponse aux visions dystopiques de l’avenir.

Le colloque s’achèvera par une session conclusive où l’on tirera les leçons des analyses et des débats de la journée, en demandant aux participants : Qu’ont-ils retenu des différentes sessions ? Que faire au sein de la Société Française de Prospective, ou ailleurs, pour donner des suites concrètes à cette journée ?

Session 1 : Notre époque est-elle « en panne de futur » ? Ou, au contraire, « pleine de futurs » ?

Session 2 : Anticiper le futur par les émergences culturelles et socio-politiques

Session 3 : Territorialiser la prospective, nouvelles dynamiques

Session 4 et conclusion : Stimuler les imaginaires, éclaircir l’avenir & Conclusion : (Re) donner à nos sociétés le goût du futur

Note de synthèse (provisoire)

Par Denis Lacroix (administrateur de la SFdP) et Jean-Éric Aubert (président de la SFdP)

Cette manifestation sur les formes potentielles du futur était organisée par la Société française de prospective (SFdP) au Forum 104, centre d’activités culturelles et de formation, connu pour son ouverture à la pluridisciplinarité. Cette journée, qui a accueilli une soixantaine de personnes dont un tiers en visio-conférence, s’inscrivait dans le cadre du « Printemps de la prospective », évènement phare de la Société Française de Prospective, organisé chaque année sur un sujet transversal traitant d’enjeux de moyen et long terme. Sous le titre volontairement ambigu de « Plus de futur(s) ? »…

Text des membres

2100, entre prospective et récit : singularités et limites

Par Jacques Theys (vice-président de la SFdP)

Ouvrage majeur de la prospective mondiale publié en 1990 « 21OO, récit du XXI ième siècle » – dirigé par Thierry Gaudin – aborde presque toutes les dimensions de notre avenir. Chacun de ses 21 chapitres et presque chacune de ses 600 pages mériteraient une analyse spécifique et rien ne peut remplacer sa lecture ligne par ligne, toujours passionnante. Le texte qui suit, version écrite d’une intervention faite lors de la première séance du séminaire organisé par la FONDATION 2100 et la Société Française de Prospective sur « un nouveau récit du XXI ième siècle » en propose quelques commentaires à partir d’une lecture globale.

Le Printemps de la prospective en images