Contribution au bulletin d’information : Jacques Theys

Dans un rapport publié à la fin de 2022, intitulé The Future of Food and Agriculture – Drivers and triggers for transformation (L’avenir de l’alimentation et de l’agriculture – Facteurs et déclencheurs de transformation), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture vient de réviser ses prévisions et visions du futur sur les systèmes agroalimentaires à l’horizon 2050. Les enjeux, les menaces et les problèmes pesant sur l’avenir de la consommation alimentaire et de la production agroalimentaire y sont hiérarchisés.

Ses auteurs y ont plus particulièrement cerné les interactions complexes entre 18 facteurs socioéconomiques et environnementaux interdépendants – parmi lesquels notamment la pauvreté, les inégalités, l’instabilité géopolitique, les pénuries, la dégradation des ressources et le changement climatique. Leur gestion façonnera l’avenir de l’alimentation.

 Si rien ne change, tout porte à croire – d’après le rapport – que l’avenir sera marqué par la persistance de l’insécurité alimentaire, la dégradation des ressources et une croissance économique incompatible avec le développement durable.

Quatre hypothèses d’avenir

Quatre scénarios pour l’avenir des systèmes agroalimentaires sont proposés. Le scénario du statu quo consiste à naviguer à vue en agissant en fonction des événements et des crises. Le scénario de l’adaptation prévoit que quelques mesures en faveur de systèmes agroalimentaires durables soient prises à un rythme lent et irrégulier. Le scénario du nivellement par le bas décrit un monde à la dérive dans sa pire version. Enfin, le scénario des arbitrages en faveur de la durabilité imagine que la croissance à court terme du produit intérieur brut (PIB) est sacrifiée au profit de l’inclusivité, de la résilience et de la durabilité des systèmes agroalimentaires, socioéconomiques et environnementaux. Les auteurs imaginent que, dans un scénario où le monde prendrait le chemin d’un futur plus durable, les défis mondiaux seraient traités par une gouvernance à plusieurs niveaux, nouvelle et participative, qui serait plus efficace. Les États, les consommateurs, les entreprises et les universités interviendraient sur différents plans avec des objectifs globaux convergents.

Les consommateurs seront déterminants car ils ont le pouvoir de déclencher des transformations profondes en orientant la demande vers des produits plus nutritifs, plus responsables sur le plan social et plus respectueux de l’environnement. La transformation sera aussi favorisée par le développement de technologies et approches novatrices. Les auteurs suggèrent de privilégier une recherche‑développement pluridisciplinaire et de faire en priorité bénéficier de ces avancées les groupes les plus vulnérables.

Pour une meilleure répartition des revenus et des richesses, les auteurs appellent à davantage investir sur le plan social et à renforcer le capital social, afin de lutter contre la pauvreté et non simplement contre la faim. Ils recommandent également que les pays plus riches acceptent de prendre en charge une part plus importante des coûts de cette transformation.

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