3.1. Vers un nouveau pacte entre la science et la société (Rémi Barré)

La recherche scientifique peut-elle ne fonctionner que mue par la curiosité et sans compte à rendre à la société? Cette double illusion a pu fonctionner dans le passé mais la recherche actuelle se justifie par des valeurs portée par divers décideurs publics ou groupés. Le système scientifique conserve cependant le privilège du « label science ». Ce pacte « faustien » a perdu de sa crédibilité en raison de l’hyper-compétition généralisée entre chercheurs (25.000 revues; 1 million de publications par an). Pour retrouver sa légitimité, le système scientifique doit intégrer tous les acteurs de la société civile par toutes les formes de science « participative » afin que cette coproduction de connaissances, répondant à des attentes justifiées, puisse accompagner une transition choisie plutôt que subie.

3.2. La métamorphose cognitive (Francis Jutand)

La ligne de pensée libérale et darwinienne a favorisé l’essor des systèmes techniques en négligeant la réflexion sur les fins. Après les révolutions de l’outil, l’agriculture, l’industrie, la convergence numérique, la 5e métamorphose sera celle de l’intelligence et de la connaissance. Mais ces progrès en accélération, notamment via le numérique, accroissent les risques d’Hubris ou démesure. L’Ubisphère (présence à distance) et la Cybersphère peuvent-elles déboucher vers la Noosphère, espace spirituel de co-évolution humaine? « Pour être plus, il faut s’unir. Pour s’unir, il faut partager; pour partager, il faut une vision » (Teilhard de Chardin). Après la compétition, la consommation, l’empathie sera t-elle la valeur centrale du nouveau projet humain?

3.3. Le rapport au savoir dans un monde de transition (Christine Afriat)

« La vérité des savoirs disponibles est temporaire » et soumise à remise en question et critique. Le rapport au savoir est donc en mutation en raison de 3 formes d’obsolescence: la discipline contraignante, la pédagogie magistrale et les savoirs « pré-établis ». La révolution numérique remet en question de savoir exhaustif, absolu, monopolistique de tout magister. Le sujet apprenant a droit au « bricolage » des savoirs, à l’approche « essai-erreur », à la création sans certitude de résultat. Ce processus est fondateur de l’autonomie personnelle et de l’élaboration du jugement critique. En dernier ressort, « L’éducation est l’art de donner un sens à sa vie en trouvant sa place dans la société en développant ses aptitudes pour développer son avenir » (J.J. Ballan)

3.4. La transition institutionnelle (Yannick Blanc)

La matrice « tutélaire » (= regarder, surveiller, protéger) de nos institutions est en mutation. L’ancien emboîtement des mythes, images, rites, institutions « immuables » qui permettait à l’individu de se « référer » à des valeurs qui le dépassent évolue. La dynamique des liens faibles conjoncturels via les réseaux numériques remplace celle des liens institutionnels forts. L’éthique repose désormais sur l’engagement des individus dans une démarche collective et collaborative. La restructuration de la société selon un nouvel ordre éthique pourrait s’organiser selon la finalité formulée par Ricoeur: « vivre bien/avec et pour les autres dans des institutions justes ».

3.7. Réinventer un futur commun à l’échelle des territoires (Jean-Christophe Lipovac)

La grande transition a pour socle la prise de conscience de la non-durabilité du système économique dominant. L’exemple de la transformation de la ville industrielle de Grande Synthe (59) en cité modèle de la transition vers un modèle écologique et social durable (dès les années 1970) montre que cette « utopie » est réalisable: intégration de la nature dans la ville, réduction des GES, priorité au vélo et aux transports en commun, maraîchage bio urbain pour une « ville nourricière », pédagogie de la maternelle à la mairie, implication de tous les acteurs dans la construction et la projection d’une identité collective positive. La recette: Imaginer, montrer, expliquer, faire ensemble.