Par Jean-Eric Aubert, président de la SFDP.
La Conférence générale de la WFSF, qui se tient tous les deux ans, a été organisée à Paris du 23 au 27 octobre 2023. La raison principale en était la célébration du 50ème anniversaire de la WFSF, qui fut créée à Paris en 1973. Le lieu était le site « Léonard », campus de Vinci, qui abrite la Business School de l’École des Ponts qui co-organisait la conférence (une excellente infrastructure avec un auditorium de 150 places et une demi-douzaine de salles pouvant accueillir 15 à 30 personnes). ll y a eu 250 participants environ, plus un streaming on line des principales interventions pour quelques centaines d’autres qui suivaient à distance.
Le retour sur l’histoire de la WFSF a donné lieu à un remarquable diaporama composé à partir de photos pris au fil des conférences passées (qui devrait être mis sur le site de la WFSF).
Le thème général était « Exploring Liminalities », c’est à dire les frontières, les seuils… en fait les limites des études sur le futur, des objets de ces études …, ce qui ouvrait évidemment à une grande diversité de communications. A vrai dire plus ou moins focalisées sur les limites[1]…Comme les organisateurs avaient fait le choix de retenir pratiquement toutes les propositions de communications, il y a eu sur les cinq jours une profusion de sessions parallèles (au total près d’une centaine) avec un temps très limité pour les présentations. Il n’est pas prévu de publier les actes du colloque. Mais un certain nombre de communications (toutes en anglais) feront l’objet de publications dans des revues spécialisées de prospective.
Il y a eu relativement peu de communications et de sessions autour de la géopolitique et des conflits en dépit d’une actualité chargée en la matière (Ukraine, Gaza…). Une des interventions les plus intéressantes a été faite par un haut dignitaire chinois (prospectiviste), à distance, présentant le modèle de modernisation du pays ; un bel exercice de propagande, qui omettait toutefois d’évoquer l’inéluctable déclin démographique de la Chine… ; sujet sur lequel il a été interrogé et convenu que la Chine n’avait pas de solution à ce problème.
Il y a eu, en fait, beaucoup de communications (une bonne moitié) qui tournaient autour de la stimulation de l’imaginaire : l’anticipation à travers la future literacy, les jeux, les réflexions autour de l’identité, la science-fiction. De ce point de vue, trois sujets, abordés en détail l’après-midi du 27 octobre, ont donné lieu à des contributions informatives : la vie éventuelle dans l’espace hors de la terre habitée peut être par des non humains ; le catastrophisme (à la Jean-Pierre Dupuy) comme outil de prospective ; et la littérature de science-fiction (américaine) et son utilité pour la prospective.
Un workshop sur le nouveau récit du 21ème siècle, co-organisé par la Fondation 2100 et l’Université de la Pluralité (animé par Daniel Kaplan et moi-même), a réuni une vingtaine de personnes (3h le 27 octobre) et permis de nourrir des scénarios à l’horizon 2075. Les productions des ateliers sont disponibles sur le site de la WFSF a cette adresse : https://wfsf2023paris.org/online-schedule
La participation française a été substantielle avec une trentaine de prospectivistes, auxquels se sont rajoutés des étudiants de la SKEMA business school lors de la première journée (jeux/exercices de simulation). Futuribles a été présent lors de la session d’ouverture avec une présentation de Yannick Blanc sur l’histoire de la WFSF (plus particulièrement sa création à l’UNESCO avec Bertrand de Jouvenel), et il y a eu une présentation en plénière du rapport Vigie sur l’anthropologie par Cécile Desaunay. Fabienne Goux Baudiment (ancienne présidente de la WFSF) a présenté le programme de la WFSF pour l’accréditation des enseignements de prospective (où elle représente les établissements francophones), animé le jeu de la grande transition (en version anglaise), et fait une contribution sur les problématiques du siècle (monde VUCA, émergences…). Thierry Gaudin a été présent à la séance de clôture où il y eut une évocation détaillée des personnalités de la WFSF.
[1] A titre d’exemple, pour ma part, j’ai « présidé » un workshop (de 1h45) comprenant cinq communications très diverses tant par les sujets traités que les méthodes mobilisées : le développement de la créativité dans les écoles en Chine, la qualité des prédictions d’évènements faites dans les publications du European Journal of Future Studies (EJFS), l’évolution des futures studies depuis un demi-siècle, les récits traditionnels des premières nations canadiennes comme source d’inspiration pour la résolution des problèmes contemporains, la théorie quantique pour renouveler la pensée prospective.
