1.1. Qu’est-ce que la grande transition? (F. Goux-Baudiment)

Cette transition a été annoncée par divers penseurs: Sorokin, Capra, Morin… L’homo sapiens est passé au fil des millénaires du « tryer » au « maker« . Le nouveau stade devrait être celui du « sharer« . La place donnée aux relations humaines prendrait une nouvelle importance. Mais ce monde peine à émerger d’un période de fragmentation des composantes fortes du monde: autorité, famille, travail, solidarités traditionnelles… La transition serait celle du passage d’un univers agro-industriel prédateur à un univers déterminé par le numérique, le vivant et nos choix. La période de transition (jusqu’à la fin de ce siècle) est résumé par l’acronyme VUCA: Volatiliy, Uncertainty, Complexity, Ambiguity issu du langage militaire, puis extrapolé au monde politique, économique et sociétal.

La métaphore de la subduction des plaques tectoniques éclaire les turbulences, à-coups, résistances et avancées du passage d’un monde 1.0 traditionnel vers un monde 2.0 caractérisé par la fin de la pénibilité, des inégalités, l’avènement de la bienveillance et de l’hédonisme, le monde des « sharers« .

La question qui cristallise les peurs est celle de l’émergence possible d’une conscience de l’intelligence artificielle. Mais il faudra choisir: « changer ou être changé ».

La réflexion prospective peut conduire au découragement, mais aussi à l’optimisme méthodologique comme celui de Positive Planet (J. Attali) ou d’Economie bleue (G. Pauli)

1.2. La grande transition: passage à une phase planétaire de l’humanité (J. Theys)

Les racines de cette transition ont explorées par divers auteurs: dès 1937 par Sorokin, puis par Boulding (1964), Toffler (1980), Harari (2017) et d’autres. Le tournant majeur est celui du passage d’une économie de ressources infinies à une économie « évolutionniste » puis « écologique ». La Terre est finie; elle est un « vaisseau spatial » dont les ressources sont limitées, notion développée par le club de Rome (1972) puis par le Tellus Institute et le Global scenario group.

La grande transition est un saut dans l’inconnu avec un cadre de 3 mondes (6 scénarios possibles)

  • conventionnel: le scénario « de référence » (BAU) et celui de la réforme politique
  • de barbarisation : l’effondrement et le monde forteresse
  • de transition réussie: éco-communautarisme et nouveau paradigme de développement

Les forces qui vont dans le sens de cette grande transition sont à l’œuvre: choc géopolitiques, empires inégalitaires, violences incontrôlables, changement climatique plus rapide que prévu…

Mais les scénarios semblent sous-estimer les influences de la technique, notamment via l’émergence possible d’une super-intelligence. Il en ressort 2 angles de vue opposés concernant l’avenir des société humaines: la soutenabilité du monde global ou compétition des puissances via la technique.

1.3. La nouvel âge de la technique et de la société (T. Gaudin)

Nous changeons d’écriture: l’audiovisuel prend le pas sur l’écrit! Et les moteurs d’évolution du monde évoluent si vite qu’il s’agit de quasi mutations à l’échelle d’une génération:

  • Les matériaux se multiplient conduisant à un hyperchoix sans fin
  • L’énergie est plus maîtrisée et efficace; le CC justifiera la limitation des sources fossiles (GES)
  • Le vivant est remanié jusqu’à la remise en cause de son sens. On sait que la Vie, c’est sacré, mais on ne sait pas définir la Vie.
  • Le temps se contracte, notamment dans la perception des sciences cognitives

Mais l’humanité va t-elle réussir la transition vers la société des enseignements puis de libération?

1.4. Donner du sens à la grande transition (P. Viveret)

La grande transition est une métamorphose qui conduit au changement d' »air » (écosystème), d’aire (la planète, village global) et d’ère: passage à une économie « quaternaire » qui bouleverse travail, emploi, ressources et revenus. Mais les capitaux nécessaires pour accompagner cette transition ont été « récupérés » vers les paradis fiscaux et l’accroissement des inégalités. Il est temps de passer « de la logique de travail à celle de l’œuvre » (H. Arendt) et des jobs aux projets créatifs de vie. Les autres ne seront plus alors des rivaux mais des compagnons de route en humanité.