2.1. Subir ou se réapproprier le futur (J. Theys)

« La transition, c’est le changement désiré » (Pascal Chabot). Mais cela peut être un passage chaotique entre deux états d’équilibre, ou un changement structurel plus ou moins maîtrisé, ou un chemin orienté parce que réfléchi à l’avance et voulu librement, ou enfin une stratégie d’action vers un objectif nécessaire ou souhaitable. Sont à l’œuvre trois tensions entre pôles opposés: continuité – discontinuité, déterminisme et liberté, autonomie – hétéronomie. Les 6 grands domaines impactés: la technologie, l’économie et le travail, l’environnement (dont énergie et climat), la géopolitique, les évolutions socioculturelles et anthropologiques. Mais la dominance de la technologie ne risque t-elle pas d’atomiser l’individu et de marginaliser le politique? Toute prospective est par nature ouverte sur des ruptures, des discontinuités, des mutations, filles d’une liberté irréductible. « Nous ne serons jamais assignés au produit de notre histoire » (J.T. Desanti).

2.2. La transition comme nouvel imaginaire du changement (Pascal Chabot)

Toute transition génère du doute, mais celui-ci peut-être source d’imaginaire et de créativité. Il s’agit de faire exister le futur dans la réflexion présente, en se projetant au-delà du bien et du mal et en refusant que les moyens déterminent les finalités. En contrepoint de « l’empire de l’utile », émerge le subtil (=sous la toile) du « rapport à l’être qui privilégie la finesse, le discernement, la sensibilité aux signes ténus mais déterminants ». Une transition équilibrée intègre aussi le collectif afin d’éviter toute représentation abstraite et autocentrée du futur et d’aller vers du progrès désiré et non subi. Les ruptures technologiques, valorisées dans nos sociétés, risquent surtout de fracturer les sociétés entre ceux qui servent la robotique, la numérisation, la financiarisation et ceux qui décrochent.

2.3. Penser la résilience (Dominique Christian)

LA question: « La grande transition est choisie par qui et subie par qui? » Est-elle une corne d’abondance sans fin de technologies qui protégera « les forteresses de vieillards contre des hordes de miséreux » ou faut-il parier sur les 4 éléments de la résilience: (a) respect, (b) réseaux, (c) doute et (d) bricolage (Karl Weick). (a) Toute transition ne peut avoir d’issue heureuse qu’à la condition que les humains restent des humains et conservent le sens de l’intérêt collectif et la conviction qu’il existe quelque chose de plus grand que soi. (b) Les réseaux autres qu’utilitaires créent des liens de grande valeur d’amitié et de solidarité. (c) Le doute garde la porte ouverte de la sagesse, en maintenant que la question de la technique n’est pas une question technique. (d) Le bricolage est la « capacité de restaurer du sens à partir des fragments hétéroclites d’une culture effondrée; c’est peut-être de marges de la cité que viendront les savoirs nécessaires au monde futur »