4.1. La simplexité (Jean-Jacques Ballan)

Il s’agit « d’une clef pour comprendre, un outil pour anticiper et une aide pour décider ». Les règles sont simples: (1) Distinguer le contenu, le contexte, le contenant; (2) Hiérarchiser les faits et les idées; (3) Mobiliser les mécanismes mémorisés; (4) Intégrer les-sous ensembles sans entrer dans les détails.

Cet outil d’aide à la décision exige d’approfondir le jeu des acteurs, de rechercher des solutions innovantes, de développer le goût de l’action et de l’efficacité, et de mobiliser l’intelligence collective. C’est une « spirale systémique » dont le cœur de l’ambition est de garder l’humain dans tout projet.

4.2. L’empathie (Jean-Eric Aubert)

Il s’agit d’une faculté essentielle de l’activité humaine (et animale), fondement moral des sociétés (de Waal, 2011). Le moteur est la mise en résonance affective au plan des émotions, de l’intelligence et de l’intérêt du groupe. Il existe des freins et des déviations: l’individualisme, la compétition, la monétarisation de tout, la manipulation, le populisme, la séduction mercantile… Mais la durabilité de notre planète passe par « l’empathie avec la nature comme avec l’humain » (Gaudin). Les chantiers sont vastes, et urgents mais des signes positifs sont déjà perceptibles via l’école, l’entreprise, les solidarités lors de catastrophes, la politique (ex: Mandela) et les valeurs, y compris les valeurs spirituelles (ex: encyclique Laudato Si, 2015).

4.3. La société organique (Patricia Auroy)

Nous sommes dans une période d’effervescence, comparable à celle de la Renaissance. La clef d’une transition réussie n’est-elle pas dans cette question: « Et si l’économie cessait d’exploiter le vivant pour s’accorder à lui? » (I. Delanoy, 2017). Il s’agit de passer à une société « organique » fondée sur l’engagement de chacun pour le bien commun, un management visant le résultat et l’épanouissement du groupe, la création de lieux d’intelligence collective et une gouvernance impliquant tous les acteurs. Utopie? Elle est surtout une opportunité d’un vivre ensemble harmonieux où les complémentarités compteraient plus que les menaces ou la compétition.

4.4. Repenser la prospective (Jean-Eric Aubert)

L’humanité est embarquée dans la grande transition, évolution accélérée qui exige une adaptation générale des choix et des comportements. Il faut renverser la perspective des fins et des moyens en commençant par l’ouverture des boites noires que sont la technique et le progrès. Cette révolution mentale s’appuie au plan cognitif sur la notion de simplexité, au plan affectif, sur l’empathie et au plan socio-économique sur l’évolution vers une société organique, proche des mécanismes du vivant, qui ne connaît pas la tentation de la démesure. Pour être entendue, la prospective doit se rapprocher de la société, impliquer la formation académique, les organes de l’Etat, les entreprises en donnant à tous le souci du long terme. Philosophie de l’action, la prospective doit devenir un outil partagé de conduite du changement, au-delà d’une démarche d’anticipation.